Les artistes

Maurice UTRILLO

Qui était Maurice UTRILLO ?

Né le 25 décembre 1883 à Paris. Mort le 5 novembre 1955 à Dax (Landes), enterré au cimetière Saint-Vincent à Montmartre. XX° siècle. Français. Peintre de paysages animés, paysages urbains, peintre à la gouache, aquarelliste, pastelliste, dessinateur, illustrateur, peintre de décors de théâtre.

Maurice UTRILLO dans le monde artistique

Fils de Suzanne Valadon, héritier du nom d’un peintre espagnol, Maurice Utrillo est un enfant de la Butte. Montmartre a longtemps retenti des cris poussés par cet extravagant les soirs qu’il s’évadait, littéralement, du logis de la rue Cortot, au numéro 12, maison fameuse par le passage d’illustres locataires. Maurice Utrillo est obsédé de toutes sortes de manies enfantines, c’est ce qu’ont dénoncé ses plus dévots admirateurs. Sa mère, Suzanne Valadon, son beau-père, André Utter, ont veillé sur un grand nombre de ses années, au-delà de la maturité, comme on veille sur un mineur, un petit garçon qui ferait de la grande peinture. Dans les dernières années, ce fut la femme d’Utrillo, Mme Lucie Valore, qui conduisait comme pas à pas cet innocent génie.

Expositions de Maurice UTRILLO

A partir de 1909, il exposa à Paris, au Salon d’Automne et à partir de 1912 au Salon des Indépendants. Dès 1913, il ne se produit plus guère que seul ; ses expositions particulières revêtent finalement un caractère mondain à ne pas prévoir aux premières années du siècle. Parmi ses expositions à Paris : 1913 galerie Eugène Blot ; entre 1916 et 1920 galerie Weill et galerie Bernheim jeune ; 1934 galerie Schoeller ; à partir de 1935 régulièrement à la galerie Paul Pétridès ; puis, après sa mort : 1959 galerie Charpentier ; 1965 galerie Drouet…; et à l’étranger : 1939 New-York, 1950 Biennale de Venise, 1960 Haus der Kunst de Munich, 1963 Musée d’Art de Berne, 1967 Musée Central de Tokyo, Musée Municipal des Beaux-Arts de Kyoto…

Styles, techniques et oeuvres de Maurice UTRILLO

Il est à la fois trop facile et extrêmement difficile de traiter du cas de Maurice Utrillo, cet adolescent se sauvant de chez sa mère, cherchant à troquer un Sacré-Coeur ou un Lapin agile contre un litre de gros rouge. La facilité réside tout d’abord en ceci que l’art de ce peintre étant d’immédiate sensibilité, rien ne s’oppose à ce que l’on se satisfasse d’accorder notre propre sensibilité à celle de l’artiste. On en vient vite tout de même à s’inquiéter, car ces accords de sensibilités ne se pourraient exercer sur des oeuvres qui seraient privées des fortes qualités purement picturales qui ont fait longtemps la force des compositions de Maurice Utrillo. Mais encore… Est-ce ici mal à propos que l’on vient d’employer le terme de « compositions »? Maurice Utrillo a été retenu, au passage, par divers paysages, il a porté là son chevalet et commencé de peindre, avec application. D’autres fois, il s’est seulement souvenu de certaines impressions reçues devant le paysage pour le tirer, à l’atelier, quelque chose de simples cartes postales. Tout le monde sait cela.

Longue serait la liste des oeuvres du peintre qui a tant produit, si purement, sans jamais nous convaincre entièrement d’un réel désir de peindre. Il a multiplié les églises chères à son âme aérienne et brûlante, les coins pittoresques d’une butte qui ne l’a pas oublié, les casernes où il put regretter, ce vieil enfant, de n’avoir pas « joué au soldat », les maisons de sa chère Jeanne d’Arc, les murs et les alentours du château de sa mère (quand elle devint glorieuse) à Saint-Bernard, dans l’Ain, des coins du Nord de la France, des aspects de Paris, loin de Montmartre, dont : La Porte Saint-Denis, Panorama de Saint-Denis. Il a été lithographe, s’inspirant tour à tour de Montmartre et de Notre-Dame de Paris, illustrant Bécon-les-Bruyères d’Emmanuel Bove, En suivant la Seine de Gustave Coquiot, Tableaux de Paris, etc.

Enfin, si l’on veut, essayant de juger Utrillo, aller au-delà de la seule sensibilité, on est bien fâché de se devoir dire que l’on va faire son chemin tout seul, sans le peintre qui, apparemment maître de vertus picturales généralement acquises par la raison était une sorte d’innocent radicalement incapable d’un gouvernement patient et logique d’esprit. Il est tout à l’opposé de cet artiste idéal conçu par le méditant André Derain et qui s’impose de « se poser tous les problèmes de la peinture chaque fois qu’il saisit un pinceau ». Et pourtant, ces hautes et indéniables vertus picturales ont été acquises plus ou moins lentement par Utrillo. Elles ne lui ont pas été accordées comme par grâce, miraculeusement « données ». On s’est bien souvent extasié, jusqu’à l’abus, sur les dessins et barbouillages des petits enfants ; on a abondamment écrit du charme angélique, féerique que nous communiquent les tripoteurs de couleurs sans danger. Les enfants qui ne savent rien encore nous émerveillent. Ils commencent de subir le moindre enseignement, ils commencent aussi de se sentir apprentis hommes et femmes, c’en est fait de leur miraculeux et fragile talent. La grâce accordée à Maurice Utrillo (une grâce à donner le frisson), aura été de ne jamais entrer dans une vraie peau d’homme. C’est dans une peau de petit enfant qu’il a pour la première fois passé le seuil d’un cabaret, car à l’innocence native il faut ajouter tels effets de la boisson ; c’est dans une peau d’enfant qu’il a continué de vieillir. Le petit peintre enfantin est devenu grand sans le bien concevoir ; il ne s’est pas laissé enseigner grand-chose, et peut-être rien du tout, mais il a pu ignorer la fatale rupture qui rejette dans l’ombre les bébés peintres et en même temps apprendre en apprenant tout de lui-même, en se perfectionnant par la pratique, encore que dans une totale inconscience. C’est un cas, magnifique et atroce.

On admire Utrillo, on ne le saurait donner en exemple. L’adolescent se connut-il la vocation de peintre? Est-ce tout à fait vrai ce que l’on conte, à savoir que la peinture fut conseillée à Suzanne pour Maurice que cette forme d’application pouvait rendre au moindre calme? Après la maison maternelle un peu trop bien fermée à son gré, après les bistrots de la Butte, quand il s’échappait, après les maisons de santé, il goûta dans ses dernières années les joies de la vie au château dans la banlieue parisienne. Quoi qu’il en soit, cet artiste unique en son genre, célébré, à qui une importante littérature a été consacrée, produisait des oeuvres dignes d’admiration dans leur ensemble, quand même si certaines prêtent à discuter. Que dire encore? Ceci, par exemple, que Maurice ayant achevé une toile, d’après nature ou d’après carte postale (on compte de ses plus remarquables tableaux ainsi exécutés), le grand artiste devait être surveillé de près afin que lui soit ravi le loisir de tout gâter par l’effet d’une de ses obsessions. Mais au fait, n’a-t-on pas un temps exploité au moins l’une de ces obsessions? Il y eut un marchand, je pense, puis des amateurs pour trouver que les paysages de Maurice Utrillo gagnaient à être animés de figures féminines, assez mal mises en place, comme en surcharge, remarquablement callipyges.

Maintenant d’autres doivent être entendus, et surtout Francis Carco qui a publié tant d’études solides sur l’art d’un de ses peintres favoris et à qui l’on doit : La légende et la vie d’Utrillo. Citons : « Le succès d’Utrillo ne gêne personne et il l’a mérité ». Chez cet artiste, dont Derain me déclarait, hier encore : « On peut le discuter, mais on rencontre presque toujours dans ses toiles le miracle », admirons ce miracle qu’il a souvent réalisé. Son cas est à peu près unique. Son art qu’on a voulu classer échappe à toute comparaison. « Il aurait pu être le Corot de son temps – entendrez-vous dire par les peintres – ou le Vermeer ou un nouveau Rousseau ». Il aurait pu! il ne l’a pas été. Mais il reste Utrillo ; cela suffit.. « De ces malheurs qui l’accablaient, de cette bohème farouche et résignée à la dégradation, peintre ou poète, il fallait pour exprimer le drame de toutes ses heures un artiste capable d’être sincère. Utrillo l’a été. Il n’a même été que cela. Sa franchise, sa gaucherie, son absence de culture, sa naïveté en on fait ce qu’il est ». Maurice Utrillo était, ou plutôt était devenu, mystique, dévot sans beaucoup plus de catéchisme que, peintre, il n’était riche de doctrine. Il honorait Jeanne d’Arc entre tous les saints, il faisait le signe de la croix avant de vider bouteille. Il eut parfaitement conscience de sa célébrité, de la place qu’il occupait dans le monde des arts, l’hommage d’un amateur étranger lui était agréable certains jours quand, d’autres jours, il refusait de recevoir le client qu’il injuriait. C’est le Président Edouard Herriot qui épingla la croix de la Légion d’honneur sur le veston du vieil enfant, déçu, car il avait rêvé des palmes académiques!

J’ai naguère joint ma voix à celles des critiques accordant toute son importance à l’art de Maurice Utrillo. Je suis trop aise d’avoir soutenu ce peintre pour rien renier aujourd’hui de mon propos d’hier. J’ai voulu seulement, me plaçant entre les laudateurs et les indifférents (non pas les détracteurs car personne ne songe à attaquer l’artiste), éclairer davantage une figure extraordinaire ; j’ai voulu, sans que personne songe à me disputer cette pas trop agréable position, pousser aussi loin que possible l’esquisse (s’il n’en peut aller que d’une esquisse) de celui qu’il faudrait appeler : un grand homme des Limbes.

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